"Frédéric Renaissan" d'Eric Sautou


On sentait du froid hier soir à Beauséjour. Non pas dans l'homme Eric Sautou qui lit ses textes d'une voix timide mais chaude. Ni dans l'atmosphère ambiante, même si le temps est à la pluie froide, mais dans les mots lu. Ce n'est pas du froid qui renferme – chacun en soi - mais plutôt du froid qui nous obligerait à nous réchauffer. Les mots d'Eric Sautou sont simples – tout comme l'homme - mais font œuvre quand même, une œuvre de bouleversement pour ne pas rester insensible.
Dans « Frédéric Renaissan », il y a de la neige, du sang, une forêt sombre, un enfant qui appelle sa maman. On dirait un conte cruel. Une histoire à faire peur. On sent de la souffrance, le froid des cœurs pour un enfant trop petit, tout seul. Tout est dans tout, le « je » dans « neige » (n'ai je?), « Eric » dans « Frédéric ». Il y a aussi un peu de sacré qui vient me troubler encore plus. « Renaissan » : résurrection? « sainte famille » : sanctification? Mais la magie de la poésie opère. Le froid et le sang sont aussi poésie. Olivier Bourdelier ferme les yeux en l'écoutant, le doigt sur ses lèvres fermées. Je n'ose décroiser les jambes.
Il est facile de trouver des anagrammes dans le nom d'Eric Sautou : « Cri saute ou? », « Étau ou cris » et à chaque fois les mots cri, couteau, ciseau, etc. Si on entend dans son nom des écrits-sautent-au-cou, ces écrits-là nous sautent à la figure pour notre plus grand plaisir.

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