Chantal Dupuy-Dunier

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Ma mère est tombée.
Ne voient plus les marches,
les yeux de ma mère,
                               comme dépolis.
Ceux qui, si jeunes, m'ont vue naissant,
                                    s'éloignent, brumes.

(Les mères ne doivent pas chuter.
Ce sont les enfant qui trébuchent
lorsqu'ils commencent à marcher
en leur tenant la main.)


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Et nous tellement pudiques
qu'elles glisseront sans que nous leur ayons dit
combien nous les aimons.
A l'heure où nos mères viendront à mourir,
aurons-nous compris
qu'elles tombaient sans vouloir nous déranger?

Oh! Ma mère, tes yeux et ta cheville...

Les corps n'ont pas le droit.




 Chantal Dupuy-Dunier
"Mille grues de papier"
Flammarion

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