Gilles Plazy, "Paul Gauguin, l’insurgé solaire"
Depuis l’« Ut pictura poesis » de Horace, il est de
tradition pour un auteur d’écrire sur la peinture, un peintre ou toute
autre forme d’art. Gilles Plazy est poète et peintre et vient nous
réjouir d’un nouvel ouvrage intitulé Paul Gauguin, l’insurgé solaire.
Les connaisseurs n’apprendront rien de la vie de Gauguin. Le propos
de Gilles Plazy n’est pas d’en publier une biographie, ni d’en faire un
roman. Il s’agit plutôt de faire revivre l’artiste, dans un je qui
dirait tout de l’âme, peut être mieux que Gauguin lui-même. Pendant de
courts instants, voir avec les yeux de Gauguin, sentir avec lui,
s’énerver comme lui, ressentir sa vie et non pas l’observer. Entrer par
affection dans la tête de cet artiste sans racines parti cueillir la
fleur de tiaré.
Gilles Plazy nous permet de découvrir un Gauguin tout en douleur et
en partir depuis l’enfance, puis plus tard tout en rupture avec ses
pairs artistes, sauf Van Gogh. Il veut briser les codes de la peinture
pour « lui donner non la légèreté de l’image, mais le poids de la
peinture, non la vibration de la peinture, mais la vérité de la
peinture, comme disait Cézanne, mais autrement que Cézanne ». On
voit ainsi Gauguin critiquer des confrères peintres dont les œuvres se
côtoient désormais dans les plus grands musées internationaux.
Peinture de la joie de vivre, de l’indolence colorée peut-être, mais
aussi avec aussi la mélancolie d’une œuvre souvent traversée par « l’esprit des morts »,
surtout celles provoquées par les guerres de colonisation et
d’évangélisation. Incas, maoris, la même quête existentielle. D’où
venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? Et sur ce point
insister sur le « que » et non sur le « qui » sommes-nous ?
Le « qui » aurait exclu sans doute le monde « sauvage », « non civilisé » selon les termes de l’époque. Mais Gauguin veut peindre, loin des désirs d’Orient et d’exotisme répandus à l’époque, « le monde sauvage de l’innocence, de la joie de vivre, le monde sans Bible, sans prêtres, sans gendarmes », le « vrai monde » et « la détresse des hommes qui cherchent les dieux ».
Par petites séquences, dans un rythme très actuel, comme flashées,
zappées, Gilles Plazy nous emmène de Pont-Aven à Hiva Oa, de Paris à
Panama. Après avoir écrit sur Cézanne, Picasso, Chagall, Fra Angélico,
Matisse, etc. Gilles Plazy nous fait découvrir le talent d’un Gauguin
sauvage, libre et généreux.
Paul Gauguin, l’insurgé solaire par Gilles Plazy,
éditions La Sirène étoilée
(13 Hent Ar Stankennig – 29910 – Tregunc.)
12€
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