Emmanuelle Imhauser

Poète belge née en 1959, Emmanuelle Imhauser publie aux Ateliers de l’agneau un deuxième ouvrage de poésie placé sous la saisonnalité de l’existence et de la joie d’écrire ce temps qui passe. «  ne pas se laisser prendre à l’obscurité froide de / contrées sans saisons / et trouver dans le pli des rides de l’été / le foin fumant et chaud ». Sous-titré « zeit wetter » ce recueil prend les saisons comme point commun entre le temps qui passe (en allemand : zeit) et le temps qu’il fait (wetter). A chaque saison ses Intempéries. Réflexion sur ce temps qui nous laisse périr, sur son expression, son langage et la façon de l’écrire. Car le jour n’est pas qu’une lumière, c’est aussi un morceau de temps. « un peu de temps gagné /// la pluie tombe toujours / assez fine et légère /// le carillon qui sonne // zeit » Et puis pour exemple, ce bel alexandrin qui joue bien sur la dualité sémantique de ce temps : « demain se lèvera aux yeux mouillés de l’aube ».

Car Emmanuelle Imhauser marie l’alexandrin avec le quotidien de sa vie de femme, de mère. « mais que fait-on ce soir / a-t-on fait à manger / la table est-elle mise // le service attendu à l’heure bien précise // il ne faudrait pas rire de choses aussi graves ». Gourmande d'écriture gourmande des petits moments à écrire car le temps c'est aussi une succession d'instants passés à nettoyer la cave, à renouer son écharpe, à ne pas dormir et penser à son petit. ..
Mais « pourquoi chercher ailleurs les pistes du langage »? Le temps qui passe. Des années-alexandrins de douze mois bien taillés. Mais pour rompre ce ronronnement à douze temps, l’auteur casse le rythme en cherchant à écrire une « langue presque parfaite / l’humus d’une voix qui murmure à l’oreille les / terreaux de l’automne ».

C’est pourquoi ces intempéries proposées par Emmnuelle Imhauser ne sont pas à redouter. Plutôt s’en délecter.

Intempéries
Emmanuelle Imhauser,
Editions Atelier de l’agneau, 2015


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