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Affichage des articles du janvier, 2016

Laurent Girerd – Le Millier d'arbres sous le regard

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Quand Laurent Girerd se fixe comme mission de rendre aux cerisiers les pétales envolés, l'on se dit qu'il y aura bien de la poésie dans ce nouveau tirage des éditions Le temps qu'il fait. Faire mission d'un impossible n'est-il pas ce qui honore l'écrivain ? Et quand celui-ci s'astreint quotidiennement à «  faire ses exercices d'admiration  » nul doute que l'écrivain se fait poète. Avec ce voyage au Japon, Laurent Girerd souhaite aller fêter Hanami, le retour sacré du printemps où les japonais, se rassemblent sous les «  nuages roses et flottants » des cerisiers en fleurs. Dans ce recueil de courtes proses poétiques, Girerd ne cherche pas à fabriquer une énième japoniaiserie haïkisante. Car, même si j'aime sa fulgurance et sans faire de basho bashing, je commence à me lasser des haïkus. Sans doute qu'à force d'ateliers d'écritures, il s'est tellement répandu qu'il en a perdu justement sa fulgurance... Ici, sur

Sabine Péglion - Le nid

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Dominique Sierra, directrice des éditions la tête à l'envers, vient de publier le dernier ouvrage de Sabine Péglion, Le nid . Une élégie bouleversante. « L es enfants ont quitté la maison, le nid est vide désormais  » C'est par cette phrase entendue par l'auteure que commence ce livre avec un texte introductif nous donnant sans doute quelques clés de lecture. Mais dès les premières strophes, le lecteur sent que ce nid n'est pas que le cocon douillet duquel les enfants s'envolent, mais qu'il annonce quelques profondes souffrances : « Attente ou résignation / il hésite […] Ombre noire déchiquetée / transpercée d'étoiles // elles y sombrent / une à une » Car le nid se fabrique avec de petites brindilles et des plumes mais aussi avec les branches noires de la souffrance : «  En toi / gît à présent ce nid / suspendu //matrice indéfectible / nid vide / inflexible au centre / de toutes tourmentes. » Vus du nid « l es visages d'enfants / en abse

Jean-Luc Despax - 9.3 blondes light

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Despax fume un max. 93 cigarettes sans dormir (un peu moins que les 113 du pote-poète HFT, lui aussi Très Haute Tension dans les mots. Oh mais laisse allumé tes clopes en ce monde clopin-clopant. 93 cigarettes, calibre 9.3, fumer tue (les espagnols plus prudents : fumar puede matar). Écrire nuit gravement à votre santé et celle de votre entourage. Une cigarette allumée éclaire les visages, et si le poème en faisait autant? Dans son dernier livre, Despax allume, il allume les visages de leur feu intérieur, allume les regards sur le monde actuel et ses zones d'ombres parfois érogènes. Ici on ne chipote ni ne vapote avec un ersatz de pensées light. Tout est dit cash. La libre circulation des biens et des malles de billets. La libre circulation des hommes mais pas de leurs idées. Liberté de penser/fumer. Société de consommation, consolation à la con, cons sommés de consommer. Despax crame du poème pour se moquer des incultures ("le coca zéro de l'écriture"... )

Déborah Heissler – Sorrowful songs

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Sorrowful songs. Cela sonne bien. Ce pourrait être un titre de Léonard Cohen ou de Bob Dylan. Mais non, ce titre fait référence à une composition d'Henryk Górecki de 1976, la Troisième Symphonie, Symphonie des Chants Plaintifs ou Symphony of Sorrowful Songs. De la musique en tout cas, il y en a beaucoup dans les ouvrages de Déborah Heissler. Et avec son écriture profonde et fragile, où les cordes sensibles du piano se tissent des fils intimes de l'émotion brute, Déborah Heissler nous livre à nouveau une belle polyphonie en trois actes. Autour de la thématique du deuil de l’Être aimé, «  Toucher absolu de la distance qui nous sépare désormais », « Toi rien, puis toi exactement. Plus rien de toi que / nous. Tu – à la chute du jour, non moins brûlante.» nous retrouvons Blanche, la musicienne, entraperçue déjà dans le premier ouvrage de Déborah Heissler, près d'eux, la nuit sous la neige, publié il y a dix ans aux éditions Cheyne et qui a reçu le prix de poésie de la

Marc Baron - Dans le chemin qui s’ouvre

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Marc Baron est un poète discret, posant ses mots entre Drôme et Bretagne et en particulier Fougères où il fut le créateur en 1985 du Salon du livre pour la jeunesse . Son dernier ouvrage "Dans le chemin qui s'ouvre" est publié aux éditions Vagamundo. Gilles Baudry dans sa préface nous prévient «  Marc Baron emploie la « force douce de l'humilité  » et effectivement les poèmes de Marc Baron parlent de moments simples, simplement quotidiens et sans forfanterie «  Je ne suis rien de plus / qu'une herbe sur le seuil », « Le poème se donne / à qui fait le vide dans son orgueil  »... Composé de deux ensembles de poèmes, cet ouvrage est marqué par le temps. L'aujourd’hui bien sûr «  Le poème est toujours au présent  », mais aussi celui qui file trop vite «  Mes poèmes je les muscle aussi / avec les poids et les haltères / de l'urgence de vivre  ». De ces instants simples, glanés la nuit dans ses conversations solitaire avec sa lampe allumée, l&#