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Affichage des articles du novembre, 2015

Elisabet Jokulsdottir - Solstice

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D'Islande nous vient ce solstice, pourtant plus habitué aux équateurs. Ce solstice nous évoque la chaleur du corps et du désir. Le feu intérieur qui attire les corps comme les sources volcaniques d'Islande. Le feu féminin qui va jusqu'à effilocher les chandails. « Cet embrasement se mue en flot de lumière, / puis-je maintenant caresser ta nuque. ». Le corps, la terre « issu de la terre, nul n'est plus terre que toi » pour une quête du bonheur « Le bonheur est de succomber à l'instant. » Elisabet Jokulsdottir, artiste islandaise engagée pour la protection de l'environnement, chorégraphe, écrivain et poète, exprime la puissance du désir en 102 distiques bilingues élégamment enveloppés dans les boîtiers qui distinguent la collection Po&psy des éditions Eres. Solstice Elisabet Jokulsdottir Edition bilingue, Editions Erès – Collection Po&psy 2015 64 p. 10 €  Article publié également sur le site Recours au Poème

Valérie Rouzeau – Télescopages

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Valérie Rouzeau aime télescoper les mots, les faire entrer en collision pour mieux les faire entrer en résonance. Et quand on lui propose d'écrire à propos d'un objet exposé au musée des Confluences de Lyon, c'est tout naturellement qu'elle choisit le fragment de la météorite Allende qui explosa sur terre le 8 février 1969 à 1h05 du matin. Bien entendu Valérie Rouzeau choisit la voie et la voix de la poésie et non pas celle de la science pour évoquer tous les télescopages provoqués par cette météorite. La science "c'est qu'on n'y comprend rien on y pige fort mal". Alors plutôt convoquer tout ce qui peut tomber : pétales, pot de fleurs, pile d'assiettes et puis la pomme bien sûr, dans 22 fragments mêlant cinéma,  BD, peinture et des clins d’œil à Eluard et Armand le poète. Car le télescopage est avant tout une rencontre, et partout dans ce livre les rencontres, entre Frida Kahlo et Rahan ou Galilée et Mr Bean par exemple, explosent en bulle

François Graveline - Les oiseaux du petit fleuve

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Puisque la naissance est un envol, puisque le désir et la mort aussi, chercher une explication dans le vol des oiseaux. « Un oiseau passe / la vie aussi // tu n'en sais pas plus / sur elle que sur lui. » Et puisque la vie coule vers son grand estuaire, voir dans chaque vaguelette poussée par le vent, un peu de la mémoire qui s'en va. « Sur le bord de la mémoire / les souvenirs font des ricochets / et puis s'envolent. » Le fleuve nettoie les pensées « Au bord du petit fleuve / ton cri / a jeté sa falaise ». Mais le mystère y est partout « L'énigme / est un galet // le ricochet / une réponse. » L'envol de l'oiseau s'efface aussitôt accompli, on rêverait qu'il en soit ainsi pour tous nos soucis. Mais étudier les oiseaux et le fleuve n'est-il pas regarder vers l'avenir ? « Quand le ciel et la mer / se rejoignent en toi / de qui es-tu l'horizon ? » François Graveline a observé le fleuve près de l'océan et les nombreux oiseaux y

Emmanuelle Imhauser

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Poète belge née en 1959, Emmanuelle Imhauser publie aux Ateliers de l’agneau un deuxième ouvrage de poésie placé sous la saisonnalité de l’existence et de la joie d’écrire ce temps qui passe. «  ne pas se laisser prendre à l’obscurité froide de / contrées sans saisons / et trouver dans le pli des rides de l’été / le foin fumant et chaud ». Sous-titré « zeit wetter » ce recueil prend les saisons comme point commun entre le temps qui passe (en allemand : zeit) et le temps qu’il fait (wetter). A chaque saison ses Intempéries. Réflexion sur ce temps qui nous laisse périr, sur son expression, son langage et la façon de l’écrire. Car le jour n’est pas qu’une lumière, c’est aussi un morceau de temps. « un peu de temps gagné /// la pluie tombe toujours / assez fine et légère /// le carillon qui sonne // zeit » Et puis pour exemple, ce bel alexandrin qui joue bien sur la dualité sémantique de ce temps : « demain se lèvera aux yeux mouillés de l’aube ». Car Emmanuelle Imhauser marie l’ale

Titos Patrikios – Sur la barricade du temps

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Avec la publication d'une anthologie bilingue des œuvres du poète grec Titos Patrikios, les éditions Le Temps des Cerises nous offrent l'occasion de comprendre la crise grecque par le prisme de la poésie tout aussi efficace que celui de l'économie ou de la sociologie. En effet, avec les poèmes de ce grand auteur maintes fois primé, et dont la vie fut un combat pour la liberté et la démocratie, nous plongeons dans l'histoire difficile d'un pays aux multiples souffrances. Titos Patrikios, l'un des poètes les plus importants de Grèce et ami de Yannis Ritsos, fait partie de ces intellectuels qui, après la seconde guerre, par le seul fait d'être communistes et porteurs d'une autre vision du monde, ont eu à connaître l'emprisonnement dans des camps de « réhabilitation ». La vie de ce poète trop peu connu en France illustre parfaitement la devise grecque : « la liberté ou la mort ». Car sa vie fut un combat et son temps une barricade où il tenta tou

Gilles Baudry et Pierre Tanguy - Abbaye de Landévennec, l’âme d’un lieu

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Ayant quitté le chemin de la foi depuis de nombreuses années, j’ai peu l’habitude de lire des livres religieux. Mais attiré sans doute par les noms de Gilles Baudry et Pierre Tanguy, poètes bretons aux mots souvent justes, je me laisse attirer vers un lieu plein de mystère : l’abbaye de Landévennec. « Un mystère s’ouvre à moi fait de beauté et de mystère… » (P.Tanguy). Véritable cocon spirituel, cette abbaye retirée au fond de la rade de Brest au détour d’une boucle de l’Aulne, a été fondée au cinquième siècle et possède l’âme de tous les lieux d’histoire. Mais avec en plus, l’âme des mots inspirés du silence, écrits par G.Baudry. Ou comment l’homme peut contribuer à l’âme d’un lieu… Mystère de la vie monacale pour le simple passant comme moi, « ce sentiment de rentrer par effraction dans un domaine où des paroles venues d’ailleurs bruissent même entre les feuilles » (Pierre Tanguy). L’abbaye, lieu de retrait, de silence et de lenteur (« Nos pas / seraient plus purs / s’ils avaien