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Le poète et le joueur de quilles. Étude sur la construction de la valeur de la poésie (XIVe-XXIe siècles) ·

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" Tout le monde croit savoir ce qu'est la poésie, mais quand il s'agit d'en parler, le sable de la définition vous glisse entre les doigts ." disait Luce Arrabal. Voilà donc un ouvrage collectif, très instructif, qui se colle à l'exercice d'analyser la construction de la valeur de la poésie entre le 14ème et le 21ème siècle. Cet ouvrage universitaire est riche d'enseignements sur l'image de la poésie à une époque de dépréciation du fait poétique dans l'espace des médias, avec de plus en plus répandus dans la population, les reproches d'élitisme et d'illisibilité, de disparition du lectorat, etc. Articulé en cinq parties thématiques, de la Renaissance à nos jours, sur trois cents pages, avec de multiples références techniques ou littéraires, les auteurs passent en revue les notions d'art poétique, de performance poétique, lyrisme, rap, poésie du dimanche, poésie dans les discours à la recherche de rythme et de punch lines

Marie-Hélène Prouteau - 12 poètes contemporaines de Bretagne,

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Voici un ouvrage qui manquait à la Bretagne. On ne compte plus les anthologies de poètes bretons et il fallait bien qu'un jour un éditeur porte la lumière sur la poésie féminine bretonne. Marie-Hélène Prouteau a proposé aux éditions Les Editions Sauvages de choisir parmi les centaines de recensions, articles et entretiens qu'elle a publiés dans diverses revues pour nous livrer une photographie des poètes contemporaines au premier quart du 21ème siècle. Et surtout casser ce mythe d'une poésie écrite par les femmes qui serait mièvre, frivole ou techniquement imparfaite. Le qualificatif poésie féminine ne devrait jamais être péjoratif. Et puis à quoi sert d'ajouter féminine quand l'égalité des genres n'autorise aucune approppriation par l'un ou l'autre de domaines d'écriture ... Marie-Hélène Prouteau affirme comme beaucoup avant elle " Il n'y a pas de quoi, pourtant, parler d'une poésie féminine différente de la poésie masculine

Jean-Christophe Belleveaux - Les lointains

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Que sont ces lointains de Jean-Christophe Belleveaux publiés chez Faï Fioc, le courageux éditeur de poésie contemporaine de Céret au pied de la montagne des Pyrénées ? Loin de Paris donc. Les lointains, les proches, les lointains si proches et les proches tellement lointains.  Lointains extérieurs et lointains intimes. Le lointain intérieur de Michaux. Les souvenirs qui s'éloignent vers des territoires insoupçonnés. Jean-Christophe Belleveaux a souhaité repartir vers ces lointains par la pensécriture. Accompagné d'un peu de musique et d'un verre de bon vin, les souvenirs remontent à la surface du dire pour faire de quelques instants de vie une œuvre littéraire. " Je porte en moi / un épuisement d'instants qui voudraient éclore ". " C'est toujours la même chose : l'espèce d'équilibre incertain sur une frontière qu'on s'applique à dire pour ensuite pouvoir la traverser ".  L'Inde, l'Erythrée, Bangkok, Istanbul, T

Jacques Vincent - La gazelle de Thomson

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Un homme se meurt. Un artiste sur un lit d'hôpital. La douleur. Le besoin de s'accrocher à la vie. Alors il dessine. Toute la journée il dessine une chaise. Toujours la même chaise multipliée dans un trait qui se fait de plus en plus malhabile. Drôle de chose que cette chaise en paille. Fragilité de la paille et en même temps symbole de stabilité. Allongé dans son lit l'artiste voit cette chaise comme un espoir. Sortir d'ici pour s'asseoir devant le chevalet. Pour ne pas se laisser prendre par la nuit. Cet homme c'est Roberto Cedrón, peintre et sculpteur, mais aussi marionnettiste, comédien, metteur en scène et décorateur de cinéma argentin, ayant fui vers la France la dictature des généraux et ayant vécu à Douarnenez où il poursuivit ses activités de peintre affichiste et graveur jusqu'à sa mort en 2018. Un homme se meurt et ses amis viennent le voir, dont Jacques Vincent, architecte de formation, puis graphiste, illustrateur et enseignant en ar

Alexis Gloaguen - Rues de Mercure

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Rues de mercure est le troisième volet d'une trilogie qu'Alexis Gloaguen débuta avec Les veuves de verre en 2010 et Digues de ciel en 2014. Récits de voyage en mode observatif, pour ne pas dire contemplatif, avec le regard plus affûté que pour de simples contemplations. Le voyage pousse à réfléchir celui qui ne le considère pas comme un simple bien de consommation, qui ne s'affiche pas en ayant "fait" tel ou tel pays, telle ou telle ville. Ici New-York, Chicago, Washington, Nashville, Toronto, Vancouver, Ottawa, Tokyo, etc. et leurs habitants sont quasiment auscultés, de même que les sensations de l'auteur au regard des paysages urbains, de l'architecture, des coutumes, des lieux de contact (bars, bibliothèques etc.) des animaux ayant trouvé repaire en ces grandes mégapoles. " Comment faire mienne cette ville que je connais si peu ? Suffit-il de ressentir les vagues contre ses piles de bois et leur froissement d'impalpable métro sous

Bernard Berrou - Frontières d'Irlande

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Bernard Berrou, en fin connaisseur de ce pays celte si proche de la Bretagne, nous propose un road trip entre la République d'Irlande et l'Irlande du Nord au moment du Brexit. Pour moi qui partage cette irlandophilie qui m'incite à retourner régulièrement dans ce pays, cet ouvrage va me servir certainement de guide pour mes prochains séjours. Mais plus qu'un guide touristique, les paysages sont tout de même dépeints avec précision et poésie, " Si le paysage est un état d'âme, c'est bien sur cette côte du Clare que je peux le sentir .", c'est un récit quasi journalistique sur les changements intervenus dans les mentalités irlandaises depuis ses précédents séjour dans ce vert pays. Cette itinérance interroge bien sûr la notion de frontière et de toutes les tensions qui peuvent en découler. " Beaucoup de frontaliers du monde forment une population qui s'incarne mal dans une identité nationale. Ils se sentent inclus dans une sorte

Kikuo Takano - Haut dans le ciel

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Kikuo Takano (1927-2006) est un mathématicien et poète japonais qui n'avait jamais été publié en français jusqu'à ce que les éditions RAZ demandent à Philippe Démeron de traduire un regroupement de textes écrits sur une quarantaine d'années.  Après ses lectures d'Heidegger, et ses pages sur l’être et sur la poésie, Takano déclare avoir " décidé de m’interroger sur le sens de la vie avec ces mêmes mots dont je cherchais, sincèrement, le sens – et de le faire désormais sans crainte. (... )". Le sens, la place dans la vie, la vérité de soi, la philosophie " Jusqu'à quel point suis-je moi-même ?". Poète de l'instantané, il place bien entendu sa poésie, comme bon nombre de poètes japonais, dans les éléments naturels. " Quand je ne posais pas encore de questions / sur le sens du ciel et de la terre, / j'avais des mains et des pieds de boue - / alors ma langue était heureuse : / en elle la lumière rencontrait l'eau, / le cie