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Affichage des articles du 2010

Les eaux Joseph Beaude

Hervé Bougel, dans son pré # carré, nous offre le plaisir de (re)découvrir un poète rare : Joseph Beaude. Théologien né en 1933, il a publié de nombreux essais philosophiques sur les mystiques en particulier, mais uniquement deux recueils poèmes « les eaux » en 1981 et « il neige » en 2002. Hervé Bougel a donc choisi de rééditer, dans son numéro 64, ce premier recueil : « les eaux ». Même si le format carré du livre est antinomique avec le titre – l’eau s’accorde sans doute mieux avec la rondeur – la couverture choisie les réconcilie. Ces traces de brillant sur fond brun font comme une eau de rivière sur les micas et nacres des plages de Bretagne. Alors effectivement, on y évoque les eaux. Bien naturellement pour un écrivain né au bord de la Manche et vivant désormais près de la Saône, les eaux ont différents goûts. Tout d’abord, la mer qui musarde, mais « Il faudrait de trop longues lunes pour apprivoiser la mer  ». Alors l’eau douce, cette «  lumière en étang répandue  »

Guénane, une île au plus près du cœur.

Ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit une île par la poste. C’est la cadeau que m’a fait Guénane, ces derniers jours. Dans ma boîte à mots, son dernier recueil, sous enveloppe kraft, sa dernière «  incartade océanique  » à la découverte d’Hoedic «  île rase / en toute humilité  ». Ile «  bouquet revenant de l’enfance  », «  perle qu'on enfile / et porte en sautoir / au plus près du cœur   ». Après huit recueils consacrés à Enez Groe, l’île de Groix, la voici qui arpente Enez Edig et ses millénaires, sa Plage Bleue et le dit-lieu Kaspérakis. Petite île perdue dans sa légende du caneton et du canard auprès de sa soeur Houat. Avec ce recueil, je crois avoir trouvé une réponse à une question posée par Guénane dans un précédent recueil ( Ile? , éd. La Porte, 2006) : « U ne île a-t-elle une philosophie? ». Cette réponse pourrait être affirmative et cette philosophie pourrait être : : L'impasse est en vous pas en moi. Car l'impasse est sans doute dans ces « regar

Joël Bastard à la Maison de la Poésie de Rennes

Hier soir, les feuilles du marronnier dansaient à Beauséjour. Et la glycine nous accueillait d’un parfum de bienvenue. L’invité était Joël Bastard, poète de la «  patience du sol  », de cette «  langue forestière  » qui «  arrondit les angles de sa mousse épaisse  ». Lui, le jurassien habitué aux marches solitaires dans les chemins d’humus. Terreau d’une poésie reconnue par les plus grands éditeurs. Lui le poète du «  dire des pas  », au delà des souffles («  pour dire, il faut être au-delà du souffle » ), au-delà des proses («  au tranchant du poème se coupe la prose » ). Il aurait pu être ambassadeur de sa région, mais le jurassien sait aussi se faire corse, sur les rives de la Casaluna, petite rivière à truite et à poèmes. Quand «  les pieds nus dans le silence des éboulis », « une truite maintenant éclairée sur la berge », le pécheur se fait poète ou bien l’inverse. L’animal n’est jamais loin dans ses recueils. Comme un chasseur de lynx, il traque la moindre image, i

Jacques Roubaud à Rennes sans Pénélope Cruz

Jacques Roubaud est dans l’encyclopédie Wikipedia . Jacques Roux et Jacques Baud aussi d'ailleurs, j'ai vérifié. Jacques Roubaud y est lié à Raymond Queneau qui est lié au surréalisme qui est lié à Picasso qui est lié à l'Espagne qui est liée à Barcelone qui est liée à Pedro Almodovar qui est lié à Pénélope Cruz . Jacques Roubaud est donc lié à Pénélope Cruz. C’est un fait que les journaux people ont ignoré. Les journaux peopeulipo eux, non. Mieux déformés sans doute. Pénélope est un joli prénom né people, mais un joli prénom pas loupé pour l'Oulipo aussi. L’Oulipo des frères Jacques (le Jouet, le Roubaud) « les poètes tout-terrain   » comme ils se qualifient eux-mêmes. Je les ai vus tous les deux (et pas Pénélope…) à la Maison Internationale de Rennes (la MIR qui pour l’occasion avait vraiment fait le maximum !). Duettistes des listes et des bestiaires, des dictionnaires et des contraintes. Ils s’en donnent à cœur-malice ces deux là. C’était

Henri Droguet

Je suis en avance. J'aime bien quand la Maison de la Poésie est encore presque vide et que l'on peut discuter facilement avec le poète invité chaque mois et les hôtes du lieu : Jacques Josse et Gwénola. Les livres d'Henri Droguet sont déjà là, posés, étiquetés, prêts à être vendus. J'en choisi un «  Le passé décomposé  ». Ce n'est pas le dernier. Mais c'était le seul sans étiquette avec un prix. J'y ai vu là comme un message. Ce livre n'a surement pas de prix. C'est vrai « le passé » n'a pas de prix. Je le lirai demain. Une fois la maison remplie, nombreux jeunes – cela fait plaisir –, Henri Droguet s'installe dans la lumière. Lui, modeste, qui aime rester discret, «  l'inconnu  » dans la lumière, commence la lecture de ses recueils «  Noir sur Blanc  » et «  Off  ». Poète du dehors pour mieux observer les dedans, il scande au vent levé ses «  ciels bavards et médiocreux  », les «  bourrasques aux chausses  ». Poète du dehors et d