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Affichage des articles du juin, 2020

Petr Král (4 septembre 1941 – 17 juin 2020) :

[...] Il y eut pourtant assez de temps pour vivre, un après-midi entier où le vent sur la terrasse soulevait la nappe pour la tirer vers l'oubli, où une mate lueur perçait la grisaille des quais et l'ouvrait au blanc de nulle part, où les graines attendaient, comptées, dans l'ombre du magasin et dehors passait à vélo une déesse anonyme. Tout le temps pour vivre dans le frisson distrait d'un monde sans poids, pendant que vous dormiez. extrait d'un poème tiré du recueil Pour l'ange, publié en 2007 chez Obsidiane

Guy Allix - Au nom de la terre

Et tu vis cette terre qui te porte, te travaille, t'incline vers elle comme vers une page. Et tu vas cette terre au-devant de toi. Fragile est ton nom, ton nom à peine et qui s'envole dans un souffle. Et tu peines pourtant à inscrire ce sillon. * Tu travailles le poème comme on travaille un champ. Avec toute la lenteur nécessaire. Tu ratures la terre pour ne garder que la justesse. * Le peuple de la terre On l'appelait le peuple de la terre Mais le plus souvent on ne l'appelait pas Tant il fallait se pencher pour trouver un nom A ce peuple sans gloire A ce peuple courbé  Enraciné là  Le peuple de la terre L'humble Ces hommes ces femmes Les très bas Toujours à hauteur de ce sol Qui les avait vus naître  Et n'être que si peu Au regard de ces puissants qu'ils nourrissaient  Peuple de ces yeux scrutant toujours le ciel En attente d'une éclaircie ou d'une pluie Le peuple