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Affichage des articles du juillet, 2020

Yves Mabin-Chennevière (1942-2020)

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Par les bons soins de Caroline, la bibliothécaire de Corps-Nuds, j’ai pu découvrir le talent méconnu du poète Yves Mabin Chennevière, originaire de cette commune près de Rennes. Talent méconnu même ici… Nul n’est prophète… car ses ouvrages ne sont que rarement empruntés. Décédé le 18 juin 2020, il y a lieu de sortir de l’anonymat quelques-uns des ouvrages de poésie de cet écrivain diplomate. Depuis 1969 et son premier roman L'Usurpé, Yves Manon Chennevière n'a pas essayé de plaire à tout prix avec sa poésie. Il a préféré travailler à son indépendance de tout mouvement littéraire en recherchant l'exigence et l'intelligence. Ami avec Julien Gracq, Gilles Deleuze, qu'il cite en exergue de Méditation métèque « Être un étranger dans sa propre langue », il partage la volonté d'explorer la langue dans ce qu'elle a de plus secret : la magie de la poésie. Toujours pour se démarquer, il se choisit une forme de poème avec toujours trois quatrains d'ale

Antoine Emaz

Atteindre en mots une certaine intensité de vivre, voilà peut-être ce que je demande à un poème, un livre. Que la vie ait été extraordinaire ou parfaitement banale, vécue par le poète ou non, cela n'a pas d'importance ; on peut faire l'économie du biographique, même si tout vient de la vie et y retourne, autrement. La difficulté vient de ce que les mots seuls, aussi bien que le seul vécu, ne suffisent pas. Une existence (ou un moment, une période de celle-ci) passionnante, tragique, peut se révéler aussi faible poétiquement qu'une poésie exclusivement savante, même à l'extrême de la technique et de l'intelligence. Et on ne sait pas bien où et comment s'opère la fusion entre les deux éléments de vivre-écrire. La confession fiévreuse, survoltée lyrique, est aussi décevante, au bout, que le pur travail, même acharné. Il faut que les deux s'articulent, à l'aveugle. Les années font gagner un peu en savoir-faire, mais ce dernier enlise aussi parfois. Repr