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Affichage des articles du août, 2020

Florent Toniello - Foutu poète improductif

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P ublié par les Éditions Rafael de Surtis, dans sa collection "Pour un Ciel désert", Foutu poète improductif , le dernier ouvrage de Florent Toniello, explore en mode-poète le monde de l'entreprise. Mais au-delà de l'originalité de cette démarche, la poésie est bien au rendez-vous. Pourtant qu'y a-t-il de plus éloigné de l'entreprise, de l'économie libé-immorale, de la compétition, que la poésie? Et si les mots du poète pouvaient éclairer les hommes jusque dans leur relation au travail? Et le poète improductif tout comme la vigie, le visionnaire, le philosophe, le sociologue, l'anthropologue, etc. n'est-il pas devenu encore plus nécessaire en ces temps où l'argent est devenu le mètre-étalon d'un soi-disant bonheur? Florent Toniello a bien connu ce monde de l'entreprise moderne, uniquement tournée vers le profit des actionnaires. Son habitude de croquer les travers de ses collègues par de petits textes a sans doute fait de lu

Lionel Bourg - Prière d'insérer suivi de Cote d'alerte et C'est là que j'ai vécu

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Lionel Bourg, plus qu’écrire, chérit les mots : «  Ce noir crissement dans la neige qui tombe   ». Il a publié en mai un court recueil intitulé   Prière d’insérer suivi de Cote d’alerte , aux éditions La Passe du Vent. Et en octobre, il nous offre à découvrir avec les éditions Quidam :   C’est là que j’ai vécu . Il est intéressant de faire le parallèle entre ces deux ouvrages qui semblent flotter dans un même équilibre. Sa vision du travail d’écrire tout d’abord : « Difficile à éviter, le substantif ne me satisfait toujours pas. “Activité” ne serait pas meilleur, ni “acte”, ni “labeur”. Me résignant à l’utiliser, je garde à l’esprit son étymologie – tripalium, instrument de torture – tout en retenant que l’usage en a fait un concept contradictoire, ambigu, mystificateur  ». Mais en fait, pour Lionel Bourg, écriture ne rime pas avec torture, tous les jours elle est son «  unique joie : vaquer, débroussailler un peu, ramasser un caillou et semer ces autres pierres qui sur la page distrib

Yves Simon, et tout comprendre de mon adolescence ratée.

J'aime Yves Simon de toute mon adolescence mal fagotée. Il aurait suffit de peu pour en avoir une aussi riche que lui. Je n'ai pas su comme lui ouvrir la barrière de la culture pour m'ouvrir tout le champ des possibles. J'ai mis trop de temps à lancer mes mots au vent de la poésie. Trop coincé dans le quotidien, je n'ai jamais réussi à enclencher le moteur de la manufacture des rêves. J'ai mis trop de temps à savoir la direction vers laquelle embarquer ma vie. Trop peur de me présenter comme différent dans mon milieu. Je rêvais plus de sentiments que de réussite, de jolies phrases que d'argent. Je m'inventais des histoires d'amour platoniques depuis l'âge de dix ans. Je préférais la compagnie des filles, plutôt que celle d'un ballon de foot ou de ceux qui pissent plus loin. Je n'avais que l'écriture en tête mais les mots se bousculaient, s'embouteillaient, de telle sorte que rien d'intéressant ne sortait de ma bouche ou de la