Henri Droguet

Je suis en avance. J'aime bien quand la Maison de la Poésie est encore presque vide et que l'on peut discuter facilement avec le poète invité chaque mois et les hôtes du lieu : Jacques Josse et Gwénola. Les livres d'Henri Droguet sont déjà là, posés, étiquetés, prêts à être vendus. J'en choisi un « Le passé décomposé ». Ce n'est pas le dernier. Mais c'était le seul sans étiquette avec un prix. J'y ai vu là comme un message. Ce livre n'a surement pas de prix. C'est vrai « le passé » n'a pas de prix. Je le lirai demain.

Une fois la maison remplie, nombreux jeunes – cela fait plaisir –, Henri Droguet s'installe dans la lumière. Lui, modeste, qui aime rester discret, « l'inconnu » dans la lumière, commence la lecture de ses recueils « Noir sur Blanc » et « Off ». Poète du dehors pour mieux observer les dedans, il scande au vent levé ses « ciels bavards et médiocreux », les « bourrasques aux chausses ». Poète du dehors et du végétal. Marchant une plante devant l'autre, dans les pâtures, les pâturins, vulpins et autres friches (pas chiche sur le végétal). Les oiseaux aussi, plongeant au « vent qui tergiverse ».

Ses mots érudits érigés en rythme, le font parfois trébucher. Ces mots écrits à croche-mots lui font des crocs-en-langue. Mais sans jamais nous écorcher. Il retrouve facilement son pas dans le vent et ces « ciels torturés convulsifs », ces « odeurs de fuel, de blattes et de charnières ». Son ironie aussi, dans les vents sombres, quand la météo du jour n'est pas au beau – « la pleuviote définitive » des côtes bretonnes – .
Avec cette bouffée d'iode, balancée loin de la mer et les « bouffonneries et chimères » d'Henri Droguet, ce soir à la Maison de la Poésie, « la vie bouge dans tous les sens ».

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