Jean-Luc Le Cléac'h

Cet ouvrage ne peut être, pour leur auteur, que le fruit d'une passion ou plutôt de la rencontre de deux passions : les pierres et la poésie. Jean-Luc Le Cléac'h y a regroupé toutes ses courtes proses poétiques autour de la matière pierre et il nous ouvre les yeux sur les différentes dimensions des minéraux.

Jean-Luc Le Cléac'h laisse de côté les pierres dites "précieuses" qui le laissent froid. Il réalise une vraie analyse, ne se limitant pas à les caresser, plutôt à entrer en contact avec "Dialoguer avec les pierres c'est faire reculer les limites du silence, repousser les frontières de l'inaudible."

Dans cette "musique  de la matière", il invoque de nombreuses sources littéraires  mais fait appel surtout à son sens de l'observation à l'occasion de randonnées ou bien dans sa collection de minéraux entamée à l'adolescence. Selon lui "les minéraux suscitent des émotions, pas des sentiments". Mais l'auteur est aussi sous le charme de la pierre travaillée pour bâtir des églises, des châteaux et forteresses, de modestes maisons de pêcheurs, des ports, des cales de mise à l'eau.

Force du végétal et la fragilité de la pierre, une graine pouvant germer après des centaines d'années de sommeil, alors que la pierre s'usera en se transformera en sable au fil des siècles. L'auteur s'émeut de simples gros blocs de granit érigés en alignements en menhirs, mais aussi de vulgaires gros cailloux entassés pour clôturer des parcelles de champs dans l'ouest de l'Irlande.

Adoptant l'angle littéraire et artistique, bien différent d'une approche de géologue, Jean-Luc Le Cléac'h observe la présence du minéral dans la littérature avec Roger Caillois, Eugène Guillevic, Francis Ponge, Julien Gracq, Pierre Bergounioux, Kenneth White, Lorand Gáspár, mais aussi dans la toponymie, dans l'électronique et le numérique, les châteaux, la mythologie, les arts, l'histoire, les ponts, etc.

Fernando Pessoa disait : « Des pierres sur le chemin ? Je les ramasse toutes et un jour je construirai un château avec ». C'est un peu comme cela que Jean-Luc Le Cléac'h procède pour construire son oeuvre. Avec beaucoup de lectures, il bâtit un récit passionnant pour qui aime la poésie des mots. Et pour écrire ainsi, nul doute qu'il utilise une pierre à aiguiser les mots, non pas pour les rendre plus coupants mais plus pointus, plus acérés.

 

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