May Ziadé, la passion d'écrire
May Ziadé (1886-1941), écrivaine, poète, traductrice et journaliste libanaise, est l'une des premières féministes du Moyen-Orient, luttant pour le droit des femmes jusqu'à être internée en hôpital psychiatrique par des cousins usant de faux prétextes pour la spolier. Elle mérite bien d'avoir sa biographie qu'il est utile de lire en ce moment où l'égalité homme/femme n'est malheureusement pas encore la norme partout. Ce livre très bien documenté et multipliant les anecdotes permet au lecteur de mieux cerner la personnalité d'une autrice mais aussi de mieux ressentir une époque.
Fille unique, issue d'une famille aimante avec un père enseignant, elle très tôt éveillée à la culture, à la fois arabe et occidentale. Elle lit beaucoup et apprécie les auteurs et les philosophes français mais aussi celles des penseurs arabes dont Qasim Amin, l'un des premiers militants pour les droits de la femme en Égypte, qui publie dès 1899, un ouvrage intitulé Tahrir al-mar’a (La Libération de la femme).
En 1912, elle tient salon pour recevoir de nombreux intellectuels, écrivains, journalistes, musiciens. On y converse en arabe, en français ou en anglais et le sujet de la place de la femme est un des thèmes favoris de May Ziadé. Mais on débat aussi de philosophie, de politique et de littérature. Parlant six langues, elle peut par ailleurs échanger une correspondance avec de nombreux intellectuels étrangers.
En 1914, May Ziadé est la première femme arabe à faire son entrée à l'université du Caire. Les autres femmes sont des Françaises, des Anglaises, des Italiennes et des Russes.
Journaliste, son analyse du processus de colonisation/décolonisation/islamisation du Liban et de l'Égypte permet de mieux comprendre les difficultés actuelles au Moyen-Orient. Bravant l'opinion publique d'alors, elle publie des articles voulant créer des ponts entre Orient et Occident, souhaitant s'attaquer aux préjugés et "faisant de la condition de la femme arabe le charbon de sa réflexion et l'encre de sa plume".
Très proche de Gibran Khalil Gibran, "si proches que Gibran considère que des fils invisibles relient sa pensée à celle de May et son âme à la sienne", selon Alexandre Najjar dans son Dictionnaire amoureux du Liban, ils entretiendront une relation épistolaire basée sur une admiration réciproque et un amour platonique.
Une belle découverte que cette écrivaine par l'intermédiaire de Carmen Boustani qui sait par son écriture, donner l'envie d'aller au bout de ce récit de trois-cent pages.
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