« Malnoë » de Malo Bouessel du Bourg

« Malnoë » mauvaises terres attendues longtemps aux bons soins d'un bon libraire rennais. Mais mauvaises terres découvertes quand même. L'auteur, Malo Bouessel du Bourg, breton, bretonnant, exilé au soleil catalan. Malo tout entier inclus dans ce « Malnoë ». Ma mère connait ce nom, mes tantes aussi. Moi je ne connais bien que le lieu de « Malnoë » . Ma jeunesse y a cueilli des champignons et m'aventurer sur ces terres privées avait le frisson de l'Interdit. Avec aussi, un peu de crainte de voir débouler un sanglier. Ces mal-terres de joncs et de bois que j'ai souvent sillonnées en vélo en regardant perplexe le « bon dieu rouge » avant la côte.

A l'ouverture plutôt un malaise. Le malaise de la couverture avec cet œil et cet oiseau sombre. Le titre en majuscules comme griffées à l'encre noire. Peut-être la patte de ce « loup lyrique » évoqué dès les premières pages...ou le bec de cet oiseau... Un 28x14 orangé, heureusement pas rouge.

Alors, me précipiter à sa lecture pour y retrouver ma jeunesse. Pourquoi pas des souvenirs communs? Mais non, rien de directement relié à ma mémoire. Bien sûr, le bois autour, les chasseurs, le camélia, « le pommier, la ronce, l'acacia », « l'eau tranquille des mésanges », le « cerisier qui fleurit comme une robe sans mariée ». Beaucoup d'animaux, beaucoup de végétal. Et la terre, jamais oubliée.

Le « loup lyrique » nous fait penser tout d'abord au loup d'Eluard ou celui de Vigny. Mais, selon l'auteur lui-même, il est inspiré de la "maison du loup", « une dépendance dont l'entrée était condamnée et dont nous ne pouvions scruter l'intérieur inondé de pénombre que par une étroite lucarne. Une belle entrée métaphorique en terre de poésie ! Une sorte d'effroi nous saisissait aux abords de cette petite maison de pierre, d'autant que l'origine de son nom nous était inconnue et que notre imagination allait bon train pour combler cette lacune. »

Rien de mon enfance donc mais des souvenirs de l'auteur, sa famille, des rencontres, des lieux de Bretagne ou d'ailleurs. Quelques haïkus semés comme des cailloux blancs. « Malnoë est donc davantage un lieu "source" qu'un lieu géographique ou strictement biographique. C'est la proximité avec la nature et la traversée des saisons qui m'ont marqué de leur empreinte la plus vivante. Et le deuxième gisement où puise "Malnoë" est la mer et plus précisément celle qui borde le Trégor. » confie Malo Bouessel du Bourg.

Et Daniela Jordanova, « l'ombre qui attend » qui illustre si bien plusieurs extraits très courts. En y ajoutant ce malaise délicieux de ce perdre dans ces lointains.

Certains prennent bien du plaisir dans la peur. J'ai eu plaisir au malaise de lire ce recueil.

 

http://www.petit-vehicule.asso.fr/livres_03.php?id_livre=79&id_collection=3

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