Habiba Djahnine

Sur les chemins, le bitume, les pavés
Gisent des êtres qui souffrent de l'attente
Des êtres que nos terres ne contiennent plus

La mer du milieu les absorbe
Les happe, les rejette sur les rivages incertains
Dans l'autre continent, sans amour, sans sépulture

[...]

***

De quel silence demain sera-t-il fait?
Quels seront nos bruits de fond?
De quelle couleur seront nos solitudes?
Nous avons construit des villes pour être assiégés
Des maisons pour être assignés à résidence
Des idéaux pour nous assassiner
Des refus pour remplir le ciel d'un vacarme
      assourdissant
Où sont nos villes?
Où sont nos hommes, nos femmes, nos enfants?
Nos vieilles et nos vieillards?
Où sont-ils?
Nous avons si bien appris à être des martyrs
Que rien d'autre ne semble nous émouvoir
Les vivants sont là!
Abasourdis, coupables, silencieux ou bavards
Les vivants sont là dans tous les pays
Ils parlent, ils crient, ils pleurent, ils meurent.
Nous avons si bien appris le chemin des cimetières
Que plus rien ne semble interrompre la procession.

Habiba Djahnine
Fragments de la maison
Éditions Bruno Doucey

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