Chantal Dupuy-Dunier - La langue du pic vert


Il y eut Birdy, d'Alan Parker, tiré d'un roman de l'écrivain américain William Wharton ou quand le rêve devient folie. Pouvoir voler comme un oiseau à toujours été présent dans l'esprit de l'homme. Être en capacité à communiquer avec les animaux également. La recherche de l'envol est pareillement une constante chez les poètes, et Chantal Dupuy-Dunier, poète à la trentaine d'ouvrages édités, qui publie La langue du pic vert, son premier roman, aux éditions La déviation, y multiplie les métaphores.

Né dans la mort de sa mère, Sylvain vit avec son père atteint de la maladie d'Alzheimer. Son secret à lui, n'est pas un jardin mais un bois auvergnat où il a un rendez-vous avec un pic vert, fasciné par les coups de bec qu'il martèle dans le tronc d'un vieil arbre. La terre d'Auvergne, que l'autrice connaît bien, fait à cette histoire un écrin d'authenticité.

Les lecteurs de Bernard Werber y trouveront sans doute quelques similitudes dans le côté ésotérique de cette relation avec le monde animal, mais chez Chantal Dupuy-Dunier la poésie est toujours en filigrane dans cette sortie du réel.

Ce roman, très bien écrit, évoque le plaisir de l'observation, de l'attente, du temps long de l'approche. La patience. Le besoin de retrouver le lien avec le vivant qui nous entoure avec une « ambassadrice des oiseaux » et quand « Sylvain réussira à conjoindre les propriétés de l'encéphale humain et celles du crâne de l'oiseau extraordinaire

Chantal Dupuy-Dunier, poète, glisse dans ce roman quelques étincelles de poésie « Ailes, Elle / à la clarté des jeunes filles en pluie ». Le lien entre poésie et mathématiques y est également évoqué. Jacques Roubault ne démentira pas Chantal Dupuy-Dunier quand elle affirme "la science et la poésie entretiennent des relations qui, si elles ne sautent pas aux yeux du profane, n'en sont pas moins étroites".

Plus qu'une intrigue, c'est un glissement agréable qui s'opère dans cette lecture. Une progression fluide dans la quête de Sylvain vers une forme d'immortalité, pour rejoindre éternellement « L'oiseau étincelant qui s'appelle jeunesse » qu'évoquait Omar Khayyâm.


La langue du pic vert

Chantal Dupuy-Dunier

Editions La déviation


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