Jean-Christophe Belleveaux - Les lointains

Que sont ces lointains de Jean-Christophe Belleveaux publiés chez Faï Fioc, le courageux éditeur de poésie contemporaine de Céret au pied de la montagne des Pyrénées ? Loin de Paris donc.

Les lointains, les proches, les lointains si proches et les proches tellement lointains.  Lointains extérieurs et lointains intimes. Le lointain intérieur de Michaux. Les souvenirs qui s'éloignent vers des territoires insoupçonnés.

Jean-Christophe Belleveaux a souhaité repartir vers ces lointains par la pensécriture. Accompagné d'un peu de musique et d'un verre de bon vin, les souvenirs remontent à la surface du dire pour faire de quelques instants de vie une œuvre littéraire. "Je porte en moi / un épuisement d'instants qui voudraient éclore". "C'est toujours la même chose : l'espèce d'équilibre incertain sur une frontière qu'on s'applique à dire pour ensuite pouvoir la traverser". 

L'Inde, l'Erythrée, Bangkok, Istanbul, Tanger, le Portugal, mais aussi les bords de Loire, la Nièvre, ou encore tout simplement la table du jardin, l’auteur nous offre tous ses éloignements pour mieux nous approcher de lui, de son écriture. " J'erre, houleux, sous vent contraire, hors des draps, hors des peaux, libre et pourpre et fragile, en mes lointains. De quoi s'agit-il ? Guenilles de géographie, morceaux de l'être, éparpillements."

Les lointains n'existent que parce qu'on les observe "au passage des grues sur le fond des ciels neutres, je guette ce qui ferait sens" et le poète, tout comme l'artiste, est là pour le lecteur, pour bousculer les sens, rendre le lointain plus proche, plus visible, par le jeu du mystère des mots. Et l'auteur, s'en va vers de lointaines longitudes, avec "des traveller chèques, un passeport et un billet d'avion, les parois de mon sommeil collent à ma peau". 

Mais le lointain est aussi l'enfance, observée à travers le filtre de l'âge,  les jeux, les orangeades, le travail des parents,  et Jean-Christophe Belleveaux 
n'est pas sans évoquer le temps qui passe "je ne peux pas supporter de regarder ainsi, l'air de rien, d'aussi flagrantes représentations de l'usure". "Je traverse sans trop rechigner ma vie d'éphémère"  cette phrase, mise au passé, ferait une belle épitaphe. 

"ma mort, tiens-toi prête, ne me dis rien de ton traître bastingage mais donne la patience à qui m'écoute ". Amis qui aimez la poésie rapprochez-vous de ces lointains si vivants. 

Les lointains 
Jean-Christophe Belleveaux 
Les éditions Faï fioc, 2023 
11.00€
ISBN 978-2-37427-060-9

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