Marc Baron - Dans le chemin qui s’ouvre
Marc Baron est un poète discret, posant ses mots entre Drôme et Bretagne et en particulier Fougères où il fut le créateur en 1985 du Salon du livre pour la jeunesse . Son dernier ouvrage "Dans le chemin qui s'ouvre" est publié aux éditions Vagamundo. Gilles Baudry dans sa préface nous prévient « Marc Baron emploie la « force douce de l'humilité » et effectivement les poèmes de Marc Baron parlent de moments simples, simplement quotidiens et sans forfanterie « Je ne suis rien de plus / qu'une herbe sur le seuil », « Le poème se donne / à qui fait le vide dans son orgueil »...
Composé
de deux ensembles de poèmes, cet ouvrage est marqué par le temps.
L'aujourd’hui bien sûr « Le
poème est toujours au présent »,
mais aussi celui qui file trop vite « Mes
poèmes je les muscle aussi / avec les poids et les haltères / de
l'urgence de vivre ».
De
ces instants simples, glanés la nuit dans ses conversations
solitaire avec sa lampe allumée, l'auteur en extrait une forme de
profondeur « Creuse
jusqu'au dernier mot que tu trouves / et ta route sera là ».
« Chaque jour chaque
nuit / je pars à ma recherche »,
car écrire c'est souvent emprunter le chemin du retour vers
l'enfance, creuser dans son histoire pour y récolter, non pas de la
nostalgie, mais l'étonnement des jours simples.
Né
près du Rhône, l'image du fleuve est omniprésente dans les pages
de Marc Baron. « Je
dois descendre sans lumière / dans le fleuve où je suis né ».
Une enfance de terre et d'eau, « Aujourd'hui
j'ai pensé à la terre où mon père passait le / plus
clair de son temps / […] Sur un sol modeste mais donnant au
centuple, il préparait / nos forces d'enfants à ériger sans
tricher le droit / imprescriptible d'avoir notre place au soleil ».
Cette enfance qui colle au pas de chacun... « et
mon poème a de la terre partout ».
Marc
Baron aime donc écrire la nuit « Des
miracles se glissent la nuit / dans les poèmes »
sans doute aussi pour le plaisir de ce chemin d'écriture qui s'ouvre
avant l'aube. « L'indicible
passe souvent par le poème ».
La nuit pour le silence « Aujourd’hui
c'est la nuit / le silence pour comprendre »,
mais aussi pour se libérer « Toute
la nuit j'abats un mur / et au matin je me libère »,
« Avant
de m'endormir / je ferme tout / les portes les fenêtres // Juste un
livre ouvert sur ma table / comme une issue de secours »...
Mais
de la solitude du triangle d'écriture entre la nuit, la lampe et
l'auteur, Marc Baron aime aussi les autres et les voyages « j'aime
la foule […] L'absence est un mot pour l'hiver ».
Marc Baron « voyage
profond », et de la
place Jemaa El Fna à la Porte de Brandebourg, il capte encore
quelques moments de vie qui, comme cailloux blancs, peuvent marquer
son chemin de vie. « Le
chemin est mon incertitude / mais il me dit la vérité ».
Et dans les interrogations actuelles sur la notion de frontières,
Marc Baron précise « Nous
n'habitons nulle part / sinon dans ce chemin qui n'existe / que d'un
pas vers un autre ».
Pour
terminer cette lecture, je reviens à la préface de Gilles Baudry :
« Lire Marc Baron,
c'est comme écouter une source qui éveillerait en chacun cette
« mélodie des choses » évoquée par Rilke, ce battement
secret du cœur. Du cœur du monde. »
Marc
Baron
Dans
le chemin qui s’ouvre
éditions
Vagamundo
144 p.
18€
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